MenuMenu

ARTS


84, Charing Cross Road par Helene Hanff


84, Charing Cross Road n'est pas un roman, ni même un roman épistolaire mais la retranscription de la correspondance authentique que Helene Hanff, auteure américain amatrice fanatique et un peu excentrique de lecture et de beaux livres, entretiendra pendant une vingtaine d'année avec un libraire londonien : Frank Doel.

Historique :

Helene Hanff est américaine et gagne péniblement sa vie en tant qu'auteur « à la demande ». Elle rédige ainsi des pièces de théâtre, scenarii de dramatiques TV, voire des livres pour enfants.
Elle voue une passion dévorante à la lecture et aux beaux livres.

Elle tombe un jour sur une publicité pour une librairie londonienne, Marks and Co, située au 84, Charing Cross Road, spécialisée dans les livres anciens et meilleurs marché qu'au USA.

Un beau jour d'octobre 1949, elle prend sa plume et envoie sa première commande de livres.

C'est le début d'une relation épistolaire qui durera vingt ans, jusqu'au décès de Frank Doel, libraire.

Quelques temps plus tard, Helene montre à son éditeur ses tiroirs remplis par une vingtaine d'années de correspondance et celui-ci, sous le charme décide d'en faire un livre. Helene ne voit pas l’intérêt qu'on pourrait trouver à ce qu'elle appelle une correspondance d'affaires, mais le livre sera publié en 1970 et deviendra un best seller qui fera même l'objet d'une adaptation au théâtre et d'un film en 1987, avec Ann Bancroft et Anthony Hopkins dans les rôles pricipaux.

Ce qui rend le livre attachant, c'est que, bien que les lettres sont souvent assez courtes et traitent essentiellement de la recherche de livres, on perçoit très vite la personnalité de Helene. Autodidacte, très vive, pleine d'humour et de générosité. Son style est direct et le contraste avec celui de Frank, le libraire en est assez savoureux.

Frank Doel, lui, mettra quelques années à se départir d'une réserve toute britannique, mais, comme il l'écrit lui même, il n'est pas aussi collet monté qu'on pourrait être amené à le croire. Lui aussi est doté d'un sens de l'humour savoureux.

Il est ainsi amusant de voir que si Helene en vient très rapidement à interpeller le libraire par un « cher Frank », voire  « Frankie », Celui-ci mettra près de trois ans pour passer du « Madame » au « Mademoiselle », « chère Mademoiselle » pour finir enfin par « Chère Helene ».

De temps en temps on a une lettre émanant de l'entourage de Helene ou d'un autre membre du personnel de la librairie, ce qui permet d'en découvrir un peu plus sur la personnalité des protagonistes.

C'est ainsi qu'on découvrira qu'aucun autre employé n'ose répondre à ses lettres en l'absence de Frank, car, dans la petite librairie elle est devenue « la Mademoiselle Hanff de Frank ».

De même, Nora, l'épouse de Frank lui écrira dans une jolie lettre écrite peu après le décès de son mari qu'elle était parfois très jalouse d'elle tant son mari aimait ces lettres.

Ce petit livre, d'à peine 150 pages, fourmille de références à la littérature britannique classique mais pas uniquement, et les commentaires donnent envie de se renseigner un peu sur tous ces auteurs cités, dont certains sont un peu tombés dans l'oubli de nos jours.

Enfin, cet ouvrage aurait pu s’intituler « Le rendez-vous manqué » car durant toutes ces années Helene tentera de partir à Londres pour découvrir cette librairie, son personnel et l'Angleterre de la littérature anglaise mais n'y parviendra jamais faute de moyens.

Ce n'est qu'après la publication de ce livre qu'elle pourra se payer le voyage mais Frank est mort depuis trois ans et la librairie du 84, Charing Cross Road a définitivement fermé ses portes également.

Tania Van Damme

Article publié le 14 septembre 2014


Retour